Elle vise à déterminer la
fréquence et la
répartition des
maladies, des
paramètres de santé et des
facteurs de risque dans la population, en termes de
temps, de
lieu, et de
personnes.
Elle s'exprime sous forme de
taux (indicateurs de santé):
- de morbidité: prévalence; incidence (taux d'attaque);
- de mortalité;
- de natalité...
Elle permet de connaître les besoins de la population et constitue donc une aide à la planification sanitaire.
Elle précède souvent l'intervention de l'épidémiologie analytique.
Indicateurs de santé: méthodes de calcul
1. Prévalence= mesure de la proportion de malades à un instant donné dans une population déterminée:
M = nb de malades N = nb total de sujets dans la population étudiée
Dans un second temps, on calculera l'intervalle de confiance de cette prévalence: l'intervalle de confiance à 95% de la prévalence d'une maladie mesurée dans un échantillon d'individus permet d'affirmer que, dans la population générale, la prévalence de cette même maladie a 95% de chances de se situer entre les bornes de cet intervalle.
Sa formule est:
Exemple:une maladie a une prévalence de
30% parmi un échantillon de
60 personnes tirées au sort dans la population générale. Cet échantillon comporte donc
18 malades.
L'intervalle de confiance de cette prévalence est de:
Ce qui signifie que, dans la population générale, il y a 95% de chances pour que la prévalence de cette maladie soit comprise
entre 18% et 42%.
On peut facilement voir que plus l'échantillon est important (N), plus l'intervalle de confiance se resserre, et donc plus la précision de la prévalence mesurée sur l'échantillon est bonne et représentative de la prévalence de la maladie dans la population générale.
La différence que l'on peut constater entre l'échantillon (convenablement tiré au sort) et la population générale est due aux
"fluctuations d'échantillonnage" (ou fluctuations aléatoires = dues au hasard).
Il faut néanmoins savoir que cette formule n'est applicable que si l'échantillon est suffisamment grand: Np et Nq doivent être
supérieurs 5.
2. Taux d'incidence= vitesse de production de nouveaux cas en fonction d'une unité de temps dans une population de non malades:
On lui préférera souvent le taux de
densité d'incidence, qui est le rapport du nombre de nouveaux cas apparus au cours d'une période donnée sur le nombre de
personnes-années (PA) à risque vécues par la population étudiée pendant cette même période. Les PA à risque pour un individu représentent le nombre total d'années (ou d'unités de temps, d'une manière plus générale) pendant lesquelles il a été suivi, c'est-à-dire depuis que l'exposition au facteur de risque a débuté jusqu'à ce que la maladie apparaisse, que le décès survienne, qu'il soit perdu de vue ou que l'enquête se termine. Au lieu d'attribuer à chaque individu le même poids, cette technique permet de faire contribuer chaque personne de façon précise et réelle au dénominateur du taux et donc au calcul de la probabilité de survenue de la maladie. Les taux de densité d'incidence sont particulièrement utiles dans le cadre des enquêtes épidémiologiques cherchant à mesurer le risque professionnel et d'une manière générale dès que l'on cherche à affiner le dénominateur d'un taux pour estimer un risque avec précision.
Sa formule est:
Son intervalle de confiance à 95% se calcule de la manière suivante:
Exemple:Dans une entreprise, on veut calculer le taux d'incidence des cancers entre 1990 et 1995:
En 1990, l'effectif de l'entreprise était de
1500;
en 1995, il était de
1650;
entre 1990 et 1995, on a constaté
15 nouveaux cas de cancer.
Le nombre de personnes-années est donc de ((1500+1650)/2) x 5(années) =
7875.
La densité d'incidence est donc égale à 15/7875 =
190,5 cas pour 100 000 PA.
Son intervalle de confiance vaut:
Exemple récapitulatif:
- Population: N personnes
- Prévalence au 01/01/95 = 6 / N
- Prévalence au 31/12/95 = 8 / N
- Incidence durant l'année 1995 = 4 / N
La surveillance épidémiologique
- Processus continu et systématique de collecte de données (à l'opposé des enquêtes, plus ponctuelles);
- Rapidité du traitement de l'information et de la diffusion des résultats indispensable;
- Finalité: fournir des informations servant plus ou moins directement à la prise de mesures de prévention ou de contrôle d'un problème de santé publique, ce qui implique le traitement prioritaire par les actions de surveillance des problèmes pouvant faire l'objet d'une prévention, d'un traitement ou d'une action de santé publique au sens large.
Les courbes épidémiques* Source commune ponctuelle:regroupement serré des cas, ascension rapide et décroissance plus lente (ex: toxi-infection alimentaire collective):
Source commune persistante:survenue de cas pendant une période assez longue, en "plateau" (ex:puits contaminé).
Transmission interhumaine:ascension douce avec plusieurs vagues de transmission allant en s'amplifiant, et décroissance lente:
Elaboration d'une enquête descriptive
1. Définir le(s) objectif(s)
- Surveillance individuelle et contrôle sanitaire;
- Surveillance de la fréquence des maladies (désignation de priorités d'action);
- Aide à la recherche et à la planification sanitaire.
2. Définir les informations requises
- Etude de la prévalence d'une maladie;
- Comparaison de groupes contemporains;
- Comparaison de périodes successives.
3. Bonne connaissance du contexte
- Conditions d'accès au terrain, problèmes climatiques, habitat dispersé ou non, activité économique, moyens de communication, cadre politico-administratif, organisation du système de santé, inventaire des sources d'information et des publications (état des connaissances sur le sujet étudié)...
4. Bilan des moyens disponibles
- Moyens humains, matériels, juridiques...
5. Choix du type d'enquête
- Transversale unique ou répétée;
- Exhaustive ( étude d'un phénomène rare) ou par sondage (phénomène fréquent).
6. Choix du protocole de sondage
- Choix de la population enquêtée;
- Echantillonnage de cette population:
pour constituer un échantillon le plus représentatif possible de la population enquêtée (tous les individus doivent avoir la même probabilité de figurer dans l'échantillon):
- Sondage empirique: l'enquêteur choisit les individus formant l'échantillon en fonction de certaines caractéristiques (âge, sexe, profession), afin de refléter le plus possible la population que l'on désire étudier. Méthode forcément biaisée.
- Sondage aléatoire: repose sur le tirage au sort (randomisation) effectué à partir d'une base de sondage (annuaire, liste électorale...).
Le sondage aléatoire peut être:
- élémentaire (les sujets sont tirés directement dans la population étudiée; ex::on numérote les individus d'une population de 2000 personnes de 1 à 2000, et on tire au sort 100 numéros);
- systématique (au lieu de numéroter les 2000 personnes, on en tire une au sort parmi les 20 premières, puis on "saute" de 20 en 20 pour arriver à un total de 100; plus rapide, mais attention aux variations périodiques);
- en grappes (ex:l'ensemble des foyers résidant dans des villages tirés au sort: un village est une grappe de foyers qui sont des grappes d'individus; très utilisés car très pratiques, mais attention à l'homogénéité des individus dans une même grappe : mêmes habitudes alimentaires dans un foyer...);
- stratifié (plusieurs TAS, chacun étant réalisé dans une sous-population plus homogène quant au facteur étudié; ex:dans une enquête sur le recours aux soins, on subdivisera la ville concernée en 3 secteurs: aisé, classe moyenne, populaire, puis on fera un TAS dans chacun).
Si l'échantillon n'est pas représentatif de la population sur laquelle doit porter l'étude, il en résulte des biais qui doivent faire remettre en question le mode d'échantillonnage et la représentativité des résultats obtenus:
L'image que l'on peut donner d'un biais est celle d'un tir à la carabine dans un stand de foire: les impacts peuvent être plus ou moins groupés; qu'ils le soient ou non, ils peuvent être systématiquement déportés par rapport au centre de la cible.
Dans la théorie des sondages, et dans la pratique, on s'attache d'abord à supprimer les biais. Ensuite, parmi diverses façons de tirer des échantillons non biaisés, on s'efforce de trouver celle qui minimise la dispersion.
a) tir précis biaisé;
b) tir biaisé mais dispersé;
c) tir à la fois biaisé et dispersé.