1.1)
Les infections nosocomiales Définition Une infection est dite « nosocomiale » lorsqu’elle est acquise dans un établissement de soins et qu’elle apparaît après un délai de 48 heures après l’admission. Pour les infections du site opératoire, on considère comme nosocomiales les infections survenues dans les 30 jours suivant l’intervention, ou, s’il y’a mise en place d’une prothèse ou d’un implant, dans l’année qui suit l’intervention.
Modes de transmission L’hôpital et la clinique abritent de nombreuses sources de germes (agents infectieux tels que les virus et les bactéries, les champignons et les prions) : la principale source de contamination est la flore résidente du patient, le personnel joue un rôle de vecteur de transmission. Plus rarement, le matériel et l’environnement aérien ou hydrique peuvent être des sources de contamination nosocomiale.
les infections " endogènes " :
Le patient est infecté par ces propres germes au cours de certains soins (actes chirurgicaux, sondage urinaire, respiration artificielle,…). On parle alors d’auto-infection.
les infections " exogènes " :
Le patient est infecté par des germes provenant d’autres personnes (personnel soignant, autre malade, visiteur) ou de l’environnement. On parle d’infection croisée.
Les infections ont donc le plus souvent une origine " endogène " qu’" exogène ".
Facteurs de risque Par définition, un facteur de risque agit en augmentant l’incidence de la maladie chez des sujets qui y sont exposés, mais on parle aussi de facteur lorsque l’incidence diminue avec la baisse de l’exposition. Cette notion est très importante dans la mesure où la maîtrise de l ’exposition devrait permettre de baisser l’incidence de la maladie. Les facteurs de risques se classent en facteurs intrinsèques et en facteurs extrinsèques.
Les facteurs intrinsèques : ils ne sont pas tous maîtrisables.
les âges extrêmes de la vie.
le sexe : l’infection urinaire est plus fréquente chez les femmes.
la durée de séjour qui augmente l’incidence des infections.
le poids de naissance chez les prématurés : un poids inférieur à 1kg double l’incidence des infections sur les cathéters des nouveaux nés ventilés
l’intervention chirurgicale mais surtout la spécialité de chirurgie
Les facteurs extrinsèques : Toutes les prothèses, comme les sondes urinaires, les cathéters vasculaires, les drains, les sondes digestives… L’infection est favorisée par :
la durée de maintien en place des prothèses et leurs manipulations
l’utilisation mal maîtrisée des antibiotiques : parmi les bactéries responsables d’infections dans les hôpitaux français, la proportion de souches multirésistantes est parmi les plus élevées d’Europe (35% de l’ensemble des staphylocoques, qui sont des germes très fréquents, isolés à l’hôpital sont par exemple résistants à la méthicilline, source : CNR des Staphylocoques, Institut Pasteur). Cette situation peut être expliquée par le retard d’application de stratégie de prescription des antibiotiques en ville et à l’hôpital.
les actes invasifs autres que la chirurgie, comme l’endoscopie.
Principaux germes en cause Les principaux germes en cause sont les bactéries, les virus, les champignons et les prions. Parmi les agents responsables d’infections nosocomiales, les bactéries viennent en tête, encore qu’il faille considérer que les virus ont une place importante en particulier dans certaines spécialités comme la pédiatrie.
Les bactéries :
Nous devons constater que l’importance relative des bactéries responsables d’infections nosocomiales varie selon les sites d’infections.
Staphylocoque aureus est surtout retrouvé dans les infections nosocomiales sur cathéter, les pneumonies, et dans les infections du site opératoire.
Eschérichia coli est « le germe » de l’infection urinaire. Il est aussi retrouvé dans les bactériémies.
Pseudomonas aeruginusa est responsable de nombreuses pneumonies.
La légionella est une bactérie que l’on retrouve fréquemment dans les cours d’eau naturels, dans les étangs et dans les mares. A coté de la résistance naturelle, le problème crucial est la résistance acquise aux antibiotiques des bactéries nosocomiales. Actuellement, en France, le pourcentage de souches résistantes à la méticilline est très préoccupant car voisin de 30%, ce qui est nettement supérieur à celle observée chez plusieurs voisins européens comme le Danemark qui n’observe que 1% de souches résistantes à la méticilline.
Les virus :
Les infections nosocomiales d’origine virale se rencontrent surtout chez :
les enfants avec les infections a Rota virus et à Virus Syncitial Respiratoire.
les personnes âgées avec le virus de la grippe, les virus responsables de conjonctivites, de rhino-pharyngites…
les immunodéprimés
Coûts économiques, sociaux et psychologiques Le drame humain, s’accompagne d’un gouffre financier : pour l’année 1997, le coût direct global des infections nosocomiales (dépenses de santé) a été estimé à 1 milliards d’euros, le coût indirect (arrêt de travail, incapacité, etc.…) à 3 milliards d’euros. En comparaison, le budget total des cliniques et établissements de soins privés, s’est élevé en France en l’an 2000 à 7 milliards d’euros.
Les études micro-économiques de calcul montrent que les infections nosocomiales sont non seulement responsables :
de l’augmentation de la mortalité et de la morbidité
de la durée moyenne de séjour (variable selon le site de l’infection)
du coût du traitement de la maladie causale
de conséquences sociales pouvant affecter le malade lui-même et sa famille.
Les coûts sont répartis en trois groupes : les coûts hospitaliers, les coûts extrahospitaliers, et les coûts sociaux.
Les coûts hospitaliers représentent l’ensemble des coûts directement imputables à l’infection nosocomiale additionnés des coûts indirects hospitaliers qui agrègent tous les frais généraux supposés proportionnels à la durée de l’hospitalisation.
Les coûts extrahospitaliers concernent les dépenses liées à la consommation médicale à domicile augmentés des frais liés à la réadaptation éventuelle du malade.
Les coûts sociaux sont constitués par un ensemble assez hétérogène difficile à évaluer comme les pertes de salaires, les pertes de production, l’invalidité voire le décès. Un autre aspect de l’analyse économique concerne l’évaluation du coût de la prévention. La mise en place d’un programme de prévention permettant de réduire de 30% en moyenne les infections nosocomiales, coûterait près de 200 000 € par an pour un hôpital de 250 lits…
On peut penser par ailleurs que les infections nosocomiales peuvent altérer la confiance des patients en notre système sanitaire et ainsi majorer leurs angoisses ou leurs craintes au cours de leurs hospitalisations.
1.2)
L’hygiène hospitalièreAprès avoir traité le problème de santé publique que sont les infections nosocomiales, nous allons nous intéresser maintenant à sa principale prévention, l’hygiène hospitalière. Elle prend en compte l’ensemble des aspects cliniques, microbiologiques et épidémiologiques des infections mais également l’organisation des soins, la maintenance des équipements hospitaliers, la gestion de l’environnement, la protection du personnel. Elle constitue un indicateur de qualité des soins et de sécurité.
En voici quelques règles de base.a)
Le lavage des mains Lavage simple des mains :L’objectif est de prévenir la transmission manuportée et éliminer la flore transitoire
Indications :
Pour le malade :
Acte associé aux soins de confort et à l’hôtellerie
A la prise de service
Après chaque geste contaminant et avant chaque activité ou soin au malade : .lors des soins d’hygiène, de confort et de continuité de la vie .soins infirmiers non invasifs
Pour le soignant :
A la prise de service et le quittant
Après tout geste de la vie courante
Lavage antiseptique des mains :Les objectifs sont d’éliminer la flore transitoire et de diminuer la flore commensale
Indications :
Geste invasif et mise en oeuvre de techniques d’isolement septique ou aseptique - Soin ou technique aseptique (exemples : sondage urinaire, cathétérisme périphérique)
Lavage chirurgical des mains :Les objectifs sont d’éliminer la flore transitoire et de réduire la flore commensale de façon significative.
Indications :
Acte à haut risque infectieux en service de soin nécessitant une technique chirurgicale (pose d’un dispositif invasif. Exemples : cathétérisme central, ponction lombaire.)
Acte chirurgical : en blocs opératoires, services de radiologie interventionnelle et autres services d’investigation ; en secteurs fermés et tout secteur protégé (service de brûlés, d’hématologie, de réanimation) Solution hydro alcoolique : Elle permet une antisepsie rapide et fréquente des mains, à tout moment, en l’absence de point d’eau. Elle ne remplace pas le lavage des mains avec un savon, antiseptique ou non, lorsque celles-ci sont souillées ou poudrées. Le nombre d’utilisation de cette solution varie selon nos sources (3 à 5 fois).
b) Le port de gantsIl est nécessaire lors de tout contact avec un liquide biologique (sang, urines, …) afin de prévenir le risque infectieux et de protéger le personnel soignant. Le port de gants n’exclut pas le lavage des mains avant et après leur utilisation. Ils doivent être changés entre chaque patient et entre chaque soin.
c) La tenue professionnelleElle doit être changée quotidiennement et à chaque fois qu’elle est souillée. Les ongles doivent être courts et sans vernis. Les mains et poignets doivent être nus et les cheveux longs attachés. Toutes ces mesures sont destinées à réduire le risque de transmission des germes car ces endroits favorisent leur « accueil ». Pour la prise des repas, la tenue est remplacée par la tenue de ville afin de la protéger des souillures et limiter les voies de transmission des micro-organismes dont elle est porteuse.
d) Les isolements Les mesures d’isolement ont pour objectif d’établir des barrières à la transmission des micro-organismes :
d’un patient à un autre patient
d’un patient à une personne soignante
d’une personne soignante à un patient
de l’environnement au patient On distingue les mesures d’isolement septique et les mesures d’isolement protecteur.
Isolement protecteur :Il est mis en place pour protéger un patient fragile ou immunodéprimé (ex : patients brûlés ou en aplasie médullaire)
Isolement septique :Il est indiqué à chaque fois qu’un patient est atteint d’une maladie contagieuse ou porteur d’un agent infectieux susceptible de disséminer lors de gestes de soins. Quelques soient les mesures d’isolement, des précautions standards sont requises parmi lesquelles : l’hygiène des mains, le port des gants, la surblouse, les lunettes et/ou masque s’il existe un risque de projection ou d’aérolisation de sang ou tout autre produit d’origine humaine. Parfois, des précautions particulières sont nécessaires en complément des précautions standards. Elles sont définies en fonction de l’agent infectieux (réservoirs, modes de transmission, résistance dans le milieu extérieur…) et de l’infection (localisation, gravité…).
Il existe donc différents types d’isolements septiques :
Isolement respiratoire
Isolement cutané
Isolement entérique
Isolement Bactérie Multi Résistante
Ces précautions peuvent comporter :
l’isolement géographique en chambre individuelle
la limitation des déplacements
un renforcement du lavage des mains
le port de vêtements de protection (gants, surblouse, lunettes, masque)
le renforcement des précautions lors de l’élimination des déchets
e) Elimination des déchets :Pour prévenir le risque infectieux, les déchets hospitaliers doivent être éliminés selon certaines procédures. • Les sacs noirs sont utilisés pour des déchets assimilables aux ordures ménagères. • Les sacs jaunes sont utilisés pour les déchets d’activité de soins à risque infectieux :
tous les objets ou instruments ayant été en contact avec les patients infectés ou à risque
tous les objets ou instruments souillés par des liquides biologiques
tous les objets ou instruments provenant de la préparation et de l’administration de produits Parmi les sacs plastiques utilisés pour l’élimination des déchets hospitaliers, il n’existe aucune législation officielle concernant le choix des couleurs, cependant, selon les recommandations européennes, les couleurs noir et jaune sont privilégiées. • Les sacs se trouvant dans les chambres des patients sont réservés à leur usage personnel. • les collecteurs pour déchets perforants sont utilisés pour l’élimination de tous les déchets coupants et tranchants (ex : aiguilles, ampoules…).
f) Les antiseptiques L’antisepsie : Opération au résultat momentané permettant au niveau des tissus vivant dans la limite de leur tolérance, d’éliminer ou de tuer les micro-organismes et/ou d’inactiver les virus.
Un antiseptique : Produit ou procédé utilisé pour l’antisepsie dans les conditions définies.
Les antiseptiques s’utilisent uniquement au niveau des tissus vivants. Ce sont des médicaments. Un bon antiseptique doit être soluble dans l’eau ou l’alcool, être stable dans le temps, avoir un large spectre d’activité, incapacité à induire des résistances, absence d’effets secondaires. Les antiseptiques sont bactériostatiques/cides et/ou virucides et/ou fongicides.
Règles d’utilisation :
Ne s’appliquent que sur une peau propre
A conserver 8 à 10 jours après son ouverture
Ne jamais mélanger 2 gammes d’antiseptiques différentes
Les antiseptiques moussants doivent être rincés après usage
Respecter les flacons d’origine, préférer les uni doses
Vérifier date de péremption
Temps de contact : 1 minute
g) Les désinfectantsLa désinfection est une opération au résultat momentané permettant d’éliminer les microorganismes et/ ou d’inactiver les virus portés par les milieux inertes (contrairement aux antiseptiques). Elle s’adresse uniquement au matériel décontaminé et rincé. La décontamination est une opération au résultat momentané permettant d’éliminer les microorganismes. Elle s’adresse uniquement au matériel souillé.