1. LES GAZ DU SANG OU COMMENT NE PLUS RATER UNE ARTÈRE RADIALE
Changez de façon de repérer l'artère.
D'habitude on pose ses trois doigts, index, majeur et parfois l'annulaire le long de l'artère afin de la sentir battre, exactement comme lorsqu'on prend le pouls. Eh bien, après l'avoir ainsi repérée, tournez vos doigts de 90° (votre coude vers le coude du patient, ou l'inverse selon le côté et selon que vous soyez droitier ou gaucher) et posez vos index et majeur (bien collés l'un à l'autre) chacun d'un côté de l'artère, puis déplacez légèrement vos doigts d'un côté ou de l'autre jusqu'à ce que vous puissiez sentir battre l'artère en même temps sur les deux doigts. Vous n'avez plus qu'à piquer exactement au milieu de l'union de vos deux doigts.
Pourcentage de ratage en chute libre !
Faites de même si vous piquez une artère humérale ou une fémorale, mais avant d'aller titiller ces artères-là, si vous n'arrivez pas à piquer en radiale, essayez d'abord, et toujours avec l'accord du médecin (*), l'autre artère du poignet, la cubitale, qui se trouve de l'autre côté, parallèlement à la radiale. Il m'est arrivé de piquer la Pédieuse, l'artère du dessus du pied (ou face dorsale).
Ne piquez jamais la radiale et la cubitale du même poignet car risque d'ischémie de la main.
Théoriquement il faudrait faire le Test d'Allen (**) avant de piquer au niveau du poignet mais ce test simple n'est jamais fait, même pas dans le cas du cathétérisme radial pour le monitorage de la pression artérielle.
L'artère radiale est plus facile à piquer au niveau de son segment le plus proche de la paume de la main. À ce niveau elle se trouve coincée dans une espèce de canal, elle ne fuira donc pas devant l'aiguille.
Voici une petite astuce qui vous aidera à maintenir la main en supination chez les malades endormis ou non coopérants: Prenez un sparadrap long et scotchez le pouce du patient. Collez l'autre bout du sparadrap à la barre du sommier du lit. La main restera en supination toute seule pendant que vous piquez.
*Le prélèvement de sang artériel est un acte médical délégué à l'infirmière et qui est réalisé d'habitude par les internes ou les externes.
**Le Test d'Allen: Mettre le bras à ponctionner en l’air en comprimant les 2 artères radiale et cubitale afin de vider la main de son sang. Une fois celle – ci devenue blanche, baisser le bras en relâchant l’artère cubitale, si la main se recolore cela veut dire qu’en cas de lésion de l’artère radiale (thrombus, spasme), l’artère cubitale prend le relais et donc la ponction peut se faire.(Source: Infirmiers.com ). Certains ne baissent pas le bras lorsqu'ils relâchent la cubitale, la main doit se recolorer à la verticale.
2. COMPRIMER UNE ARTÈRE RADIALE SANS LES DOIGTS
Vous n'avez pas le temps de rester là cinq minutes à comprimer? Préparez une compresse stérile, une seule, et pliez-la en six, c'est à dire au maximum, jusqu'à en faire une petite boule. Posez-la sur l'artère avant de retirer l'aiguille. Retirez l'aiguille, et comprimez l'artère avec la boule munie déjà de la bande de Micropore. Vous êtes en train de comprimer avec le pouce d'une main. Avec le pouce et l'index de l'autre main tirez sur la bande de Micropore et collez sur la peau, d'un côté, puis de l'autre côté.
Si le Micropore est bien tendu et si la compresse fait bien une boule, l'artère est bien comprimée.
Il n'y a pas mieux comme méthode pour éviter un bleu artériel.
Le Micropore a le mérite de coller très bien, même sur peau humide, d'avoir une résistance assez bonne à la traction et de ne pas irriter la peau, contrairement au Sparadrap qui irrite la peau et se décolle dès qu'on le mouille.
Ne faites jamais tout le tour du poignet.
Certaines collègues appliquent plusieurs morceaux de sparadrap, en astérix. Ce n'est vraiment pas nécessaire. Une seule bande bien tendue suffit.
Pour les fémorales, prenez trois compresses stériles, pliez-les en quatre, posez-les sur l'artère et posez dessus un sac de sable spécial compression, ou bien posez un litre de soluté en bouteille de verre que vous fixerez avec du sparadrap, de l'Elastoplaste ou de l'Hypafix mais sans serrer. Ou encore une bande Velpeau stérile (non déroulée) posée sur l'artère et fixée avec de l'hypafix ou de l'Elastoplaste. Vous êtes obligé de serrer car la bande velpeau n'a pas de poids propre.
Une remarque concernant une habitude personnelle qui m'a souvent permis de prélever des GDS sans laisser de bleu artériel. J'utilise une aiguille orange (à sous-cutanée). Elle a l'avantage de ne pas laisser de trou important dans la paroi de l'artère, tout en permettant un écoulement correct du sang, quoique un peu moins rapide.
3. COMMENT EVALUER UNE TENSION ARTERIELLE SANS TENSIOMETRE.
comment évaluer une tension artérielle sans tensiomètre ?
En prenant le POULS !
Si l'on perçoit le Pouls Radial (*) c'est que la TA est au moins égale à 80 mmHg de systolique.
Si l'on perçoit le Pouls Fémoral elle est supérieure à 60 mmHg.
Si l'on perçoit le Pouls Carotidien elle est supérieure à 40 mmHg.
(*) Attention cependant, si le Pouls Radial n'est pas perçu, il faut vérifier de l'autre côté car il n'est pas forcément perçu chez certaines personnes atteintes d'artériosclérose.
4. RECONNAÎTRE À L'OEIL NU LA DIFFÉRENCE ENTRE SANG ARTÉRIEL ET VEINEUX LORS D'UN PRÉLÈVEMENT DE GAZ DU SANG
Souvent vous vous demandez si vous êtes dans l'artère.
C'est simple lorsque le patient n'est pas en hypoxie ni hypotendu.
Lorsque la Pression Artérielle est correcte, voire élevée, et lorsque l'hématose (l'oxygénation du sang) est bonne, le sang artériel est d'un rouge vif, tandis que le sang veineux est d'un rouge plus foncé, plus noir. Votre seringue de Gaz, préhéparinée, est munie d'un piston qui laisse passer l'air et retient le sang.
Ce piston monte tout seul si la Pression Artérielle est suffisante (pensez d'abord à débloquer le piston avant de piquer).
Le sang veineux n'a pas la force pour pousser le piston.
Si vous êtes en présence d'un patient hypoxique, comme ceux qui souffrent d'Insuffisance Respiratoire Chronique, par exemple, et supposons qu'il ne soit pas hypotendu, vous verrez le piston monter tout seul, mais la couleur du sang artériel sera foncée, comme le sang veineux.
Le seul fait que votre piston est poussé par la force du débit sanguin, vous indique que vous êtes bien dans l'artère.
Pour le reste, l'analyse elle-même sur l'appareil des GDS vous confirmera que vous étiez dans l'artère.
8. EFFECTUER UN PRÉLÈVEMENT SANGUIN ET POSER UNE PERFUSION EN UNE FOIS
Comme dans le truc précédent, on cherche à éviter de piquer deux fois le patient.
Une fois le cathlon dans la veine, (gardez le garrot) retirez l'aiguille en laissant le cathéter en place tout en comprimant la veine au bout du cathlon. Adaptez un raccord de type Vacutainer® dessus monté sur un dispositif plastique de prélèvement.
Introduire et remplir vos tubes Vacutainer® l'un après l'autre, puis désadapter le raccord et le remplacer par la tubulure à perfusion que vous aurez préalablement préparée et purgée.
Une remarque concernant les tubes de type Vacutainer®: Vous pouvez tomber sur un tube qui a perdu le vide, donc qui n'aspire plus le sang. Avant de croire que votre cathlon n'est plus dans la veine, changez de tube.
Il est fréquent que le patient une fois arrivé dans le service soit prélevé pour un bilan sanguin. Au bloc opératoire il est piqué pour la pose d'une voie veineuse pour l'administration des produits d'anesthésie, alors qu'il pourrait être piqué une seule fois(*).
(*) Au bloc opératoire les anesthésistes préfèrent souvent repiquer le patient même si celui-ci est déjà perfusé, surtout si la perfusion n'a pas été posée le jour même.
10. DÉBOUCHER UNE PERFUSION SANS "PÉTER" LA VEINE
Tout le monde sait déboucher une perfusion en grattant la tubulure du haut vers le bas
avec son stylo ou sa paire de ciseaux (fermée) ou sa pince Kocher.
Tout le monde sait aussi le faire en injectant 5 ou 10 cc de sérum phy dans la tubulure (Jamais de l'Eau PPI !).
Mais ces deux méthodes barbares peuvent faire exploser la veine. Votre soluté passera à côté.
Il existe un truc fort simple et qui peut marcher souvent. Je l'ai vu faire à l'hôpital par une jeune infirmière fraîchement sortie de l'école, et depuis il ne m'a jamais fait défaut:
Prenez la tubulure au plus près du cathlon, courbez-la et pincez-la entre le pouce et le majeur. Pincez-la fort et lâchez brusquement, exactement comme vous faites lorsque vous claquez des doigts. Si besoin répétez l'opération plusieurs fois.
Une variante qui n'a pas besoin de "claquer des doigts" est celle de plier la tubulure et de tourner le bout plié sur lui même, en tire-bouchon, puis lâcher brusquement. Même effet.
La perfusion est très souvent débouchée.
Si bouchon récalcitrant faites comme d'habitude :
Si vous le faites par injection de sérum phy, injectez d'une main, et de l'autre soutenez la paroi veineuse avec vos trois ou quatre doigts posés à plat le long du cathlon en appuyant légèrement mais fermement pendant l'injection, pour que la force avec laquelle vous injectez le sérum ne fasse pas exploser la veine.
Pensez à fermer la molette de la tubulure en amont, ou le robinet, avant d'injecter.