Abdelb@sset Admin
Institut/Ville : Lauréat d'IFCS Ouarzazate Nombre de messages : 2011 Age : 38 Localisation : : Marrakech Emploi/loisirs : : IDE Polyvalent - Centre d'Onco-hématologie; CHU MOHAMED VI , MARRAKECH. Réputation : 77
| Sujet: La fièvre Ven 7 Mar 2008 - 14:51 | |
| La fièvre : définition et méthodes de mesureLa fièvre est définie par une élévation de la température centrale au-dessus de 38°C, en l’absence d’activité physique intense, chez un enfant normalement couvert, dans une température ambiante tempérée ; ce n’est qu’à partir de 38,5°C qu’il est éventuellement utile d’entreprendre un traitement.Au niveau cérébral, la température corporelle est déterminée par le centre thermorégulateur ; le point d’équilibre thermique est déplacé vers le haut en cas de fièvre. Elle se distingue en cela de l’hyperthermie, où l’augmentation de la température est due à une accumulation de chaleur d’origine exogène (coup de chaleur) ou endogène (effort physique intense, par exemple).Il n’y a pas de consensus pour différencier les fièvres « modérées » ou « élevées » en fonction du niveau de température. Des fièvres, la plupart du temps très élevées (plus de 41°C), peuvent s’accompagner exceptionnellement de défaillance multi-viscérale, dans le cadre d’un syndrome « fièvre-hyperthermie » chez des enfants trop couverts.La méthode de référence pour mesurer la température corporelle est le thermomètre électronique par voie rectale. En pratique quotidienne, certaines méthodes de dépistage, moins précises, sont intéressantes parce qu’elles évitent le stress, voire les traumatismes, que peut entraîner la prise de température rectale ; on peut ainsi utiliser les bandeaux à cristaux liquides à apposer sur le front, le thermomètre électronique par voie buccale ou axillaire (qui nécessite des temps de prise plus longs et a l’inconvénient d’une sous-estimation fréquente) et le thermomètre à infrarouge, généralement utilisé par voie auriculaire, qui présente l’avantage d’un temps de prise très rapide (une seconde).Rôle physiopathologique de la fièvreLa fièvre est un des moyens de réponse de l’organisme aux infections. Elle est également présente dans les maladies inflammatoires, rares chez l’enfant.La fièvre peut avoir un effet bénéfique lors d’infections invasives sévères (purpura infectieux, septicémie) et il a été observé que des infections graves non fébriles étaient associées à une augmentation de la mortalité. Par ailleurs, quelques publications indiquent que l’utilisation d’antipyrétiques pourrait retarder la guérison de certaines infections virales.Au total, il n’existe cependant pas de données ayant un niveau de preuve suffisant pour soutenir l’hypothèse que la fièvre doit être respectée.Les objectifs du traitementEn dehors de pathologies neurologiques (méningites, encéphalites…), pouvant se compliquer de convulsions et nécessitant un traitement étiologique urgent, des convulsions peuvent être observées lors d’accès de fièvre, chez 2 à 5% des enfants, jusqu’à l’âge de 5 ans, avec une incidence maximale entre 18 et 24 mois ; ces enfants présentent généralement une prédisposition familiale14. Il n’existe pas de donnée en faveur d’un effet préventif du traitement antipyrétique, sur la survenue de ces convulsions en climat fébrile.Chez des enfants ayant des antécédents de fièvre accompagnée de convulsions, le risque de récurrence est élevé au cours des deux années qui suivent le premier épisode, surtout si la première crise a eu lieu avant l’âge de 2 ans15 ; aucun des médicaments, qui ont pu être étudiés versus placebo (notamment l’ibuprofène, le paracétamol, le diazépam, seuls ou en association), n’a démontré une efficacité préventive lors d’administration au moment des poussées fébriles.Il en est de même pour les méthodes physiquesAu total, il faut souligner :• que la fièvre n’est qu’un symptôme,• qu’elle n’entraîne que très rarement des complications et qu’il n’existe pas de traitement préventif des convulsions.Il n’y a donc pas lieu de la craindre spécifiquement. La recherche de l’apyrexie ne constitue pas un objectif en soi et ne doit pas conduire à des traitements systématiques (notamment pour maintenir l’enfant en collectivité).En revanche, la fièvre peut s’accompagner d’un inconfort (diminution de l’activité, de la vigilance, de l’appétit, des rapports sociaux, présence de céphalées, changement de l’humeur…) qui peut être important et dont le soulagement est justifié.Par ailleurs, toute fièvre nécessite une recherche de sa cause, ce qui pourra conduire à un traitement spécifique ; de plus, cette recherche peut apporter des éléments importants pour le choix du traitement symptomatique en identifiant, par exemple, une contre-indication éventuelle à tel ou tel antipyrétique.traitementA - Méthodes physiquesElles reproduisent les échanges que l’organisme met naturellement en jeu avec le milieu extérieur pour assurer sa régulation thermique ;• par radiation (déshabillage),• par conduction (prise de boissons fraîches, bain frais, poches de glace…)• par évaporation (brumisation, mouillage)• par convection (utilisation d’un ventilateur, qui potentialise par exemple l’effet du mouillage ou du déshabillage).Les facteurs limitants de ces différentes méthodes physiques sont :• l’absence d’étude de méthodologie correcte les évaluant,• une efficacité modeste, seules quelques études sur le mouillage apportant la preuve d’un effet antipyrétique,• un effet qui cesse très rapidement à l’arrêt de la méthode de refroidissement,• et surtout, un inconfort, parfois important et toujours présent, car tout ce qui tend à réduire la température déterminée par l’organisme au niveau central est perçu comme désagréable20.Au total, trois mesures simples, en association au traitement médicamenteux, sont à privilégier :• proposer à boire fréquemment, en préférant une boisson bien acceptée par l’enfant à une boisson très fraîche, qui n’entraînera au mieux qu’une baisse limitée de la température,• ne pas trop couvrir l’enfant,• aérer la pièce.L’utilité des autres mesures, en particulier le bain frais, est remise en cause au regard de leurs inconvénients.En pratiqueLa fièvre de l’enfant ne représente pas, par elle-même et sauf cas très particuliers, un danger. Après recherche de la cause, la prise en charge éventuelle d’une fièvre persistante, supérieure à 38,5°C, dans un contexte aigu, conduit à un traitement à visée symptomatique qui repose sur les principes suivants :• conseiller à l’entourage :o d’éviter de couvrir l’enfant,o d’aérer la pièce,o de faire boire l’enfant le plus souvent possible.Ces mesures simples contribuent à limiter l’ascension de la température, à augmenter l’efficacité du traitement médicamenteux et à maintenir une hydratation correcte de l’enfant. Les autres méthodes physiques, comme le bain à 2°C en dessous de la température corporelle, ne sont utiles que si elles ne vont pas à l’encontre de l’objectif principal du traitement, qui est la lutte contre l’inconfort. | |
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